Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 235 —

XXXV

TROP TARD

.


Claire était une vaillante fille, nous l’avons déjà dit, une vaillante fille, digne de sa mère, parente par le courage de ces femmes héroïques qui ont leur page dans notre histoire et qui firent le coup de feu contre l’anglais.

Après les premiers moments d’émotion, d’épanchement, Claire se souvint du complot qu’elle avait surpris, et n’écoutant que son patriotisme de française :

— Vite, mes amis, s’écria-t-elle, s’il n’est pas même déjà trop tard : courez à la ville, courez auprès de M. de Montcalm, de M. de Vaudreuil pour les prévenir que, grâce à une infâme trahison, les ennemis débarquent peut-être en ce moment au Foulon.

— Que dites-vous ! c’est impossible, puisque ces postes sont gardés, dit Claude bien près de croire que la douleur avait dérangé le cerveau de la jeune fille.

— Je vous jure que je sais ce que je dis et que j’ai des preuves de la trahison.

— Voyons, expliquez-vous.