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son frère se console. Tatassou va se mettre en campagne et il trouvera la jeune fleur pour laquelle un petit oiseau chante dans le cœur de son ami.

— Ah ! mon sang a coulé bien des fois, dit Louis Gravel, jamais mes larmes…

— Voyons, sois homme, dit Claude, et raisonnons. À quoi sert de se désespérer quand tout n’est pas perdu puisque nous sommes-là. Je suis de l’avis de Tatassou, et voici pourquoi :

Il est indubitable que nous ne tirerons rien de Bigot, et à quoi nous servirait de le tuer ? À nous mettre une mauvaise affaire sur les bras. Du reste, c’est sale besogne que nous n’avons pas le droit d’enlever au bourreau, puis, qui sait ? si nous ne compromettrions pas le sort de Claire ? Il vaut donc mieux se mettre en campagne, tâcher de découvrir le lieu où elle est tenue prisonnière, et nous saurons bien ensuite la délivrer.

— Tu comprends bien qu’elle doit être cachée au château de Beaumanoir, dans quelque retraite ignorée, fit Louis Gravel en montrant son visage baigné de larmes brûlantes.

— Tatassou connaît bien la maison de pierre dont parle mon frère et le vieux buveur d’eau-de-feu qui ouvre la portes dit le huron.