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XXXI

LA TRAHISON


Le lendemain, Claire ne revit ni Bigot, ni Pierre Maillard. La Grêlée seule lui apporta, à manger, respectueuse, sans lui adresser la parole.

Après chaque visite, afin d’éviter toute surprise, la jeune fille se barricadait.

Accablée par la fatigue, après avoir bien prié, Claire s’était assoupie sur un fauteuil près de la cheminée, quand elle fut éveillée soudain par un bruit de voix venant d’un appartement voisin dont elle n’avait pas soupçonné l’existence jusque-là. Le salon était alors plongé dans une obscurité profonde. Un faible jet de lumière, filtrant à travers la boiserie du manteau, de la cheminée, attira son attention. Elle plaça son œil à cet interstice et aperçut quatre hommes assis autour d’une table sur laquelle une carte était étendue.

Elle reconnut Bigot, de Péan et Vergor qu’elle avait rencontré chez M. de Vaudreuil. Le quatrième lui était inconnu, mais à son uniforme étranger, elle supposa que ce pouvait bien être un anglais.

La conversation se tenait en français, langue