Bigot referma la porte et s’avança vers la jeune fille qui le regardait agir sans faire un mouvement. Tout à-coup, joignant les mains, elle se précipita à genoux :
— Monsieur, n’aurez-vous pas pitié de moi ? s’écria-t-elle.
L’Intendant, sombre et farouche, ne répondit pas.
Elle poursuivit :
— Eh ! bien ! je vous jure que si vous avez pitié de moi, que si vous renoncez à vos infâmes projets, je n’invoquerai pas contre vous les violences dont je suis la victime, que…
Bigot l’interrompit brusquement.
— Voulez-vous m’épouser ? dit-il.
Elle poussa un cri d’horreur et le regarda avec épouvante.
Mais lui, entraîné par la passion fatale qui bouillonnait dans ses veines, par la pensée qu’il croyait sa sauvegarde et rendait sa tête brûlante, poursuivit avec un accent sauvage :
— Vous serez ma femme !… Je le veux !…
— Jamais ! dit la jeune fille en se réfugiant dans le fond de l’appartement, jamais !
— Consentez, et je vous conduis ce soir même auprès de votre père.