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près des retranchements du camp de Beauport, En ce moment, un obus a éclaté près de moi et un des éclats est venu me frapper à l’épaule gauche, m’infligeant une blessure, sinon dangereuse, du moins assez douloureuse et qui va me retenir au lit quelques jours.

« M. de Vaudreuil m’a fait transporter dans la maison qui lui sert de quartier-général[1] et le chirurgien Arnoux, qui m’a pansé, ne veut pas que je sois transporté à la ville avant deux ou trois jours, car il craint l’inflammation. Il exige de plus que j’aie une garde-malade, et comme la vieille Dorothée ne peut quitter le lit, tu voudras bien la laisser aux soins de Melle de Rigaud, qui ne nous refusera pas ce service et venir auprès de moi.

« Tu peux te lier à l’homme qui te remettra ce billet, il est mis à mon service par M. de Vaudreuil.

« Ton père qui a bien hâte de t’embrasser,

« Boucault de Godefroy. »

— Êtes-vous prêt à me conduire de suite ? demanda Claire.

  1. La conviction générale est que ce quartier-général devait se trouver au manoir de Beauport, autre fois la propriété du Col Gugy. Un de nos amis qui s’occupe d’recherches historiques est d’avis que cette opinion est erronée et que ce quartier-général de Montcalm avait été établi dans la maison — propriété, aujourd’hui de M. Frs. Parent — qui est située à l’endroit où l’on remarque encore les derniers vestiges des retranchements de Beauport.

    Si l’on considère que de cette maison, on avait le meilleur poste d’observation qu’on pût trouver, cette version pourrait avoir quelque vraisemblance. Cet ami dont nous parlions (prétend même que les préliminaires de la capitulation de Québec ont été signés dans l’appartement que M. Parent a transformé aujourd’hui en salle à dîner.