Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 174 —

retranchements à l’endroit connu sous le nom de la Grande Ferme.

M. de Portneuf — une espèce de colosse dans toute la force de l’âge — la soutane retroussée, en bras de chemise, donnait l’exemple, encourageait les travailleurs. On montrait encore, il y a quelques années, une pierre d’une grosseur énorme, que deux bons hommes pouvaient à peine soulever, et qu’à lui seul il avait placé sur les retranchements qui n’avaient pas moins de six pieds de hauteur en cet endroit.

Pendant ce temps-là, les invalides étaient occupés à fondre des bals et à nettoyer les armes, une quinzaine de vieux fusils de chasse raccolés dans toutes les paroisses, armes terribles cependant dans les mains de nos pères parce qu’elles ne manquaient jamais le but.

Le dix-sept au matin, la vigie placée en observation sur le Petit Cap signala les deux chaloupes anglaises qui doublaient le Cap Tourmente et qui montaient à force de rames avec la marée.

Malheureusement M. de Portneuf ignorait le naufrage d’une troisième chaloupe et la marche par terre d’une compagnie de grenadiers.

Vers dix heures, la première chaloupe arriva à portée de fusil en face des retranchements.

— Attention ! dit M. de Portneuf à ses volon-