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II

UN MOT D’HISTOIRE


Avant de suivre le père Ignace Gravel et son fils, lieutenant au régiment de Béarn, et de dire un mot des divers personnages que nous venons de mettre en scène, pour l’intelligence des événements qui vont suivre, le lecteur nous permettra d’esquisser en quelques lignes quelle était alors la position du pays.

Nous sommes au printemps de l’année 1759. Sauver la colonie était chose impossible ; le parti le plus sage était donc d’en sacrifier une partie pour sauver le reste.

À peine les glaces avaient-elles disparu, que M. de Bourlamaque s’était rendu à Carillon avec deux mille cinq cents hommes des régiments de la Reine et du Berry ; mais il reçut l’ordre d’évacuer aux approches de l’ennemi, de venir couvrir Montréal et se joindre au chevalier de Lévis à l’île aux Noix, située au bas du lac Champlain.

Cependant, dès le quinze mai, le colonel de Bougainville, envoyé à Paris l’automne précédent, était arrivé apportant quelques instructions pour M. de Montcalm, suivi quelques jours après devant Québec par la flotte du mu-