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Dès que Bigot fut parti cependant, M. de Vaudreuil manda secrètement au château M. de Godefroy et n’eût pas de peine à se convaincre que celui-ci n’était qu’un instrument, une espèce de plastron que les coupables s’étaient ménagé en cas de danger. Il le lui fit soupçonner.

Pour sauver cette pauvre victime et s’assurer en même temps un témoin qui aurait son poids, M. de Vaudreuil résolut de soustraire M. de Godefroy à l’influence délétère des Cadet, des Varin, des Péan qui ne manqueraient pas de le compromettre davantage s’il restait dans leur voisinage.

Mais comment procéder à cette espèce d’enlèvement ? — Car, on se rappelle sans doute que M. de Godefroy, depuis l’incendie de sa maison, recevait l’hospitalité de Bigot.

M. Rigaud de Vaudreuil, frère du gouverneur, nouvellement arrivé de France où il avait été envoyé par les Anglais qu’il l’avait fait prisonnier l’année précédente, en fournit le prétexte.

M. Rigaud de Vaudreuil était très-lié avec M. de Godefroy. Sa fille — une ravissante brunette de vingt ans — avait été la compagne de Claire aux Ursulines de Québec. Il était donc tout naturel que le frère du gouverneur, avec l’assentiment de celui-ci, offrit l’hospitalité au