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qu’il a appris à me connaître, depuis qu’il a constaté que si je le sers avec dévouement, avec zèle, avec fidélité, ce n’est pas par intérêt, mais par affection réelle, c’est à moi seul qu’il adresse ses bontés et je puis compter sur sa protection en toutes circonstances.

Je lui ai donc tout confié en lui donnant communication de votre lettre.

Impossible de vous cacher que certains bruits fâcheux concernant votre père, qu’il croit une créature de Bigot, sont arrivés jusqu’à lui, il me l’a déclaré ; mais quelle est la nature exacte de ces bruits ? Je l’ignore. Dans tous les cas, je crois que votre père est accusé de complicité dans certaines malversations dont les pillards du palais de l’intendance sont les auteurs.

Sur mon affirmation solennelle que je croyais à la parfaite probité de M. de Godefroy, M. de Vaudreuil n’a pas voulu porter jugement sans plus ample informé. Il serait même porté à croire que si votre père est compromis, c’est qu’on a surpris sa bonne foi.

— Mais quels sont donc ces pillards dont vous parlez ? Est-ce M. Bigot ?…

— Eh ! sans doute. Vous ignorez, comme votre père ignore, lui aussi, à quelles sortes de personnes il a donné son estime. Un mot pourra vous les faire connaître.