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— Vous blessez, vous froissez mes sentiments même avant de m’avoir entendu.

— Pardon, mon ami, ma pauvre tête est encore bien faible, car j’aurais dû savoir qu’il ne peut venir de vous que ce qui est noble et bon.

— Écoutez-moi donc patiemment, Claire… si vous m’aimez…

— Si je l’aime ! fit la jeune fille en joignant les mains ! Vous le voyez, je vous le dis, je vous l’avoue, sans même me demander si je ne fais pas mal en vous le déclarant.

— Soit, vous m’aimez, j’ai besoin de le croire pour trouver le courage dont j’ai besoin. Eh ! bien, il est un moyen de me le prouver en me racontant la scène qui s’est passée, l’autre jour, entre votre père et Bigot.

— C’est impossible.

— Il faut avoir assez de confiance en moi pour ne pas me cacher les graves motifs qui vous ont forcée à accepter l’idée d’un mariage avec l’intendant.

— C’est impossible, mon ami.

— Je les soupçonne d’ailleurs, ces motifs.

La jeune fille le regarda d’un air étonné.

— Écoutez-moi bien, Claire je vais vous raconter ce que j’allais vous dire le soir du sinistre qui a détruit la maison de votre père.