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— Homme, ne cherche plus l’auteur du mal ; cet auteur c’est toi-même. Il n’existe point d’autre mal que celui que tu fais ou que tu souffres, et l’un et l’autre vient de toi.

— Murmurer de ce que Dieu n’empêche pas l’espèce humaine de faire le mal, c’est murmurer de ce qu’il la fit d’une nature excellente, de ce qu’il mit à ses actions la moralité qui les ennoblit, de ce qu’il lui donna droit à la vertu.

— Il y a un intérêt qui ne tient point aux avantages de la société, qui n’est relatif qu’à nous-mêmes, au bien de notre âme, à notre bien-être absolu et que pour cela j’appelle intérêt spirituel ou moral par opposition à l’intérêt temporel. Cet intérêt, pour n’avoir pas des objets sensibles matériels, n’en est pas moins vrai, pas moins grand, pas moins solide et, pour tout dire en un mot, le seul qui, tenant entièrement à notre nature, tende à notre véritable bonheur.

(Lettre à M. d’Offreville.)

— Il faut prendre garde de se trouver dans une situation qui fasse trouver son avantage dans le préjudice d’autrui.

— Celui qui sait régner sur son propre cœur, tenir toutes ses passions sous le joug, sur qui l’intérêt personnel et les désirs sensuels n’ont