On peut dire que le jour ou Jean-Jacques se décida à demander sa réintégration dans l’Église de Genève, la Profession de foi n’était peut-être pas encore constituée dans toutes ses parties, mais elle avait déjà trouvé son principe essentiel. Il affirmait ainsi, en face de la « philosophie » incrédule, sa croyance en Dieu et ses sympathies chrétiennes ; il marquait en même temps son indifférence à l’égard des formes confessionnelles, et témoignait par là que le choix d’une religion était avant tout, pour lui, affaire de tradition nationale et de civisme. Ce n’était donc pas une « conversion », au sens strictement religieux du mot, l’adhésion intégrale aux dogmes d’une Église : c’était, du moins, une manifestation, disons le mot, une « profession de foi », par où Jean-Jacques se posait avec une franchise éclatante et un peu théâtrale — solitaire en apparence — entre les deux camps ennemis.
- ↑ Sur la méthode adoptée pour les citations, cf., plus loin, dans cette Intruduction, le chapitre iii de la IIIe Partie, p. cvii, et la Bibliographie à la fin du volume.