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INTRODUCTION[1]



Ie PARTIE

COMPOSITION ET PUBLICATION
DE LA « PROFESSION »



CHAPITRE I

LES PREMIÈRES ESQUISSES DE LA « PROFESSION »
DANS L’ŒUVRE DE ROUSSEAU

On peut dire que le jour ou Jean-Jacques se décida à demander sa réintégration dans l’Église de Genève, la Profession de foi n’était peut-être pas encore constituée dans toutes ses parties, mais elle avait déjà trouvé son principe essentiel. Il affirmait ainsi, en face de la « philosophie » incrédule, sa croyance en Dieu et ses sympathies chrétiennes ; il marquait en même temps son indifférence à l’égard des formes confessionnelles, et témoignait par là que le choix d’une religion était avant tout, pour lui, affaire de tradition nationale et de civisme. Ce n’était donc pas une « conversion », au sens strictement religieux du mot, l’adhésion intégrale aux dogmes d’une Église : c’était, du moins, une manifestation, disons le mot, une « profession de foi », par où Jean-Jacques se posait avec une franchise éclatante et un peu théâtrale — solitaire en apparence — entre les deux camps ennemis.

  1. Sur la méthode adoptée pour les citations, cf., plus loin, dans cette Intruduction, le chapitre iii de la IIIe Partie, p. cvii, et la Bibliographie à la fin du volume.