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l’état actuel des documents, d’apercevoir le point de départ, d’où, par une série d’étapes contrôlables, Rousseau est arrivé à son texte définitif.

Sous le titre de Rédactions Manuscrites, je donne donc le plus ancien texte cohérent et complet que nous puissions aujourd’hui atteindre : c’est-à-dire que. si. derrière les ratures, je puis distinguer un texte intelligible, achevé et grammaticalement correct, c’est celui-là que je présente d’abord. Le plus souvent ce texte est fourni par le .Manuscrit Favre. Pour quelques pages très importantes, on peut, comme je l’ai indiqué, atteindre un texte plus ancien, les 5^ et i’)'^ Lettres à Sop/iie: mais, comme il est impossible de faire sur ces brouillons le départ de ce qui a été adressé à Sophie et de ce qui a été retouché ou ajouté en vue de la Profession, je ne pouvais substituer ce texte à celui du Manuscrit Favre, et j’ai dû le rejeter aux Appendices. Le Manuscrit F"avre est un Manuscrit complet, c’esi-à-dire qu’il ne lui manque aucun feuillet: mais, par rapport au texte de l’édition originale, il offre bien des lacunes : lacunes souvent peu considérables, d’une phrase ou deux, qui laissent intacte la physionomie d’un développement ; ces lacunes sont alors respectées dans le texte suivi que j’essaie de reconstituer, laissant aux notes le soin d’apprendre au lecteur dans quel Manuscrit il trouvera la ou les phrases manquantes. Quand les lacunes sont plus importantes, quand il manque des paragraphes ou des développements entiers, j’ai rétabli dans le texte ces paragraphes et développements, en me servant du Manuscrit où ils apparaissent pour la première fois. Outre les indications marginales qui font connaître ces changements de .Manuscrits, la différence des caractères permettra facilement de distinguer ces différents apports, et d’en dégager, au premier coup d’œil, le texte primitif. A l’aide de signes, dont on trouvera plus loin le tableau, j’indique dans l’intérieur même de ce texte les mots et phrases barrés, ajoutés, ou repris après avoir été barrés. On trouvera dans les notes, — avec les indications de Rousseau étrangères au texte, — les mots inachevés, les premiers jets interrompus, comme aussi les mots ou phrases substitués à ceux qu’il a barrés.

On aura ainsi devant soi un texte un et cohérent, qui offrira partout la plus ancienne rédaction saisissable. mais qui sera, je ne me le dissimule pas, composite et arbitraire. Non seulement il groupera en un tout des rédactions empruntées à des .Manuscrits différents, mais, dans l’intérieur d’un même .Manuscrit, si l’on peut ainsi parler, il laissera sur le même plan des rédactions d’époques différentes, des phrases du premier jet, qui ont été barrées, à côté de phrases qui ont été ajoutées