Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
La Monongahéla

— Pourquoi n’es-tu pas venu comme tes camarades faire ton sac pour le grand voyage, afin d’être paré à l’inspection si le bon Dieu veut qu’il t’arrive malheur cette nuit ?

— Si je vous comprends bien, mon aumônier, c’est aller à confesse que vous voulez parler, comme qui dirait vider la soute aux saletés ?

— Eh ! oui, mon vieux.

— Des bêtises, mon aumônier, il y a longtemps que je ne pense plus à ça.

— Il y a donc bien longtemps que tu y as été ?

— Ah ! mon aumônier, il y a bien au moins vingt ans.

— Pourtant tu n’es pas meilleur qu’un autre ; car je suis bien certain que tu jures souvent, tous les jours peut-être ?

— Plutôt deux fois qu’une, mon aumônier.

— Tu t’enivres parfois, n’est-ce pas ? Je suis sûr que dans ces circonstances là, tu blasphèmes ? Tu te bats ?

— Oui, mon aumônier.

— Quand tu étais avec ta vieille mère ? — car elle vit encore ta vieille mère, n’est-ce pas ? —

— Oui… mon aumônier.

— Ta mauvaise conduite l’a fait pleurer plus d’une fois ?

— Oui… mon… aumônier.