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La Monongahéla

Mais, je vous le répète, ce sont les plus heureux, croyez m’en, parce qu’ils sont morts en faisant leur devoir… Maintenant, êtes-vous disposés à m’écouter sérieusement ?

— Oui, mon commandant.

— Il m’en coûte de vous faire la communication pour laquelle je vous ai appelés, car je vais vous causer un nouveau chagrin.

— Nous serons courageux ! fit Daniel.

— Je n’en doute pas, reprit le commandant. Et d’abord, je vous dois un mot d’explication. Le récit que je viens de vous lire suffirait pour vous faire soupçonner l’exaspération de nos voisins, les Anglais. Mais cette exaspération n’est rien en comparaison de celle qu’a soulevé l’échec de la flotte anglaise contre les établissements de l’Acadie.

Or, l’Angleterre est décidée à en finir une bonne fois pour toutes, non-seulement avec l’Acadie, mais avec tout le Canada.

Mais elle compte sans son hôte. M. de Vaudreuil connaît le danger et la position précaire de la colonie. C’est pourquoi il m’envoie en France pour solliciter des secours du ministre, M. de Ponchartrain. J’ai reçu hier ses ordres par un exprès venu en canot d’écorce.

J’en ai conféré immédiatement avec M. de Subercase, à qui incombe une grande responsabilité, et