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La Monongahéla

Dans la nuit du dix au onze, les Anglais, qui avaient réussi à s’approcher du fort après plusieurs escarmouches, ouvrirent la tranchée. Quatre cents Anglais s’avancèrent pour enlever les bestiaux, mais le baron de St-Castin, à la tête de ses sauvages et de quelques habitants, les chargea si vigoureusement, qu’il les repoussa en désordre dans leur camp.

Pendant la nuit du seize, les Anglais croyant les brèches plus considérables qu’elles n’étaient en réalité et s’imaginant du reste que la garnison était disposée à se révolter, comme le leur avait fait croire quelques déserteurs, tentèrent d’escalader les remparts. Mais on les reçut si chaudement, qu’ils durent abandonner leur projet et se retirer promptement.

La bonne contenance de M. de Subercase leur en imposa. Ils s’imaginèrent qu’une si grande assurance cachait un piège, et que les Français avait creusé une mine à laquelle le feu serait mis aussitôt qu’ils monteraient à l’escalade. N’osant plus s’approcher de la place, ils rentrèrent dans leur premier camp, et, le dix-sept, s’embarquèrent dès que la marée le leur permit. Plus de quatre-vingts des leurs avaient été tués dans les différents combats.

Au reste, Port-Royal dut surtout sa délivrance aux soixante Canadiens qui y étaient arrivés quelques heures seulement avant la flotte anglaise. Car les habitants du lieu, sans secours de la France depuis