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La Monongahéla

pas partir sans avoir déclaré sa flamme à la jeune fille et sans emporter ses serments.

À l’annonce du départ de la Renommée, la nièce du gouverneur s’était retirée du cercle de ses compagnes, et quand Nicolas la rejoignit, quelques instants après, il la trouva dans l’embrasure d’une fenêtre, effeuillant, inquiète et rêveuse, les fleurs de son bouquet.

La jeune fille rougit à son approche. Nicolas ne se sentait pas moins ému, ni moins timide et troublé.

— Élevée comme vous l’avez été, au milieu des merveilles de la nature, par des femmes de Dieu, dit-il d’une voix tendre, vous devez aimer beaucoup ces fleurs qui s’effeuillent sous vos doigts ?

— Oh ! beaucoup ! Et vous, monsieur, ne les aimez-vous pas ?

— Je les aime, répondit Nicolas, lorsqu’elles me rappellent un souvenir qui est lui-même le plus suave des parfums de l’âme.

— Moi, je ne les ai jamais aimées que pour elles seules, reprit la jeune fille en tressaillant.

— Mais vous comprenez cependant, mademoiselle, tout ce qu’une fleur reçue d’une main amie peut dire de doux et de charmant, lorsque l’absence éloigne ceux qui se sont aimés.

— Vous avez donc reçu de ces fleurs ? fit la jeune