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La Monongahéla

— Dans dix minutes, m’sieu, tout sera paré.

— Je regrette, monsieur, de vous faire conduire dans cette vilaine voiture, reprit Irène en s’adressant à Nicolas. Il n’est que deux heures de relevée ; ma tante, qui sera probablement ici vers cinq heures, vous aurait sans doute donné une place dans son carrosse si vous aviez voulu l’attendre.

— Merci encore une fois, mademoiselle, la voiture de votre fermier est tout ce qu’il me faut.

Celui-ci entra le fouet à la main.

— Quand vous voudrez, messieurs, dit-il.

— Messieurs, dit la jeune fille en rougissant, ce que je vais faire n’est peut-être pas de la dernière convenance ; mais je sais que ma tante sera tantôt très-navrée quand elle apprendra le danger auquel j’ai été exposée et que je ne pourrai lui dire le nom de mon sauveur.

Les deux jeunes gens s’inclinèrent et Daniel prenant la parole :

— Mademoiselle, répondit-il, mon ami se nomme Nicolas DeCarette de Neuville, moi je m’appelle Daniel de St-Denis, et tous deux nous sommes enseignes à bord du vaisseau la Renommée que commande M. de Bienville.

— V’là des noms dont on saura se souvenir ! fit Pierre Gagnon en manière d’a parte.

Un instant après, les deux jeunes gens s’éloi-