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La Monongahéla

Toute jeune, Irène avait été confiée aux soins des dames de l’Hôpital-Général.

Grâce au bon naturel de l’enfant et à la pieuse direction des bonnes dames, quand la jeune fille vint demeurer auprès de sa tante, madame de Vaudreuil, elle fit sensation parmi la bonne société de l’époque, non-seulement par sa beauté, mais aussi par ses qualités du cœur et de l’esprit.

M. de Vaudreuil, ou plutôt sa femme, possédait au commencement du chemin qui conduit à Charlesbourg, une espèce de maison de campagne qu’habitaient un fermier et sa famille, et où les hôtes du château allaient souvent l’été pendant les grandes chaleurs.

On était aux premiers jours du mois de juillet. Une après-midi, Daniel de St-Denis et Nicolas de Neuville, arrivés la veille de Port-Royal, où ils s’étaient distingués en aidant M. de Subercase à repousser les trois expéditions maritimes des anglais, fatigués de la chaleur du jour et de la poussière des rues de la ville, se dirigèrent vers la rivière St-Charles qu’ils traversèrent en bac, et prirent la route de Charlesbourg.

À peine avaient-ils marché quelques instants, qu’un cri d’angoisse frappa leurs oreilles.

— Qu’est-ce ? fit Daniel en s’arrêtant.

Mais déjà son compagnon avait enjambé la clôture