Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
La Monongahéla

decin constata dans la journée qu’il avait contracté une grave pleurésie.

La maladie fut longue, et le vénérable vieillard la supporta jusqu’à la fin avec une patience et un courage inaltérables, toujours sans aigreur, sans plaintes et sans sortir de l’égalité naturel de son caractère.

Enfin le 6 mai 1708, à sept heures et quart du matin, le grand apôtre de la Nouvelle-France, chargé d’années et de bonnes œuvres, rendait sa belle âme à Dieu, et allait recevoir la juste récompense d’une vie modèle, entièrement consacrée à l’édification de ses semblables.

« Éminent par ses vertus, dit un de ses biographes,[1] aimable par ses qualités, doué d’une science et d’une profondeur de jugement qui faisait respecter ses décisions, il fut à ses derniers instants l’objet des regrets de tous les colons, comme il avait été toute sa vie l’objet de leur vénération et de leur sincère estime ».

Le son des cloches annonça à toute la ville ce lugubre événement. Tout le peuple se pressa auprès du lit funèbre, sur lequel gisait le corps inanimé de celui qui avait tant aimé son troupeau et pour le bien duquel il s’était imposé de si grands sacrifices. Chacun voulut faire toucher à son corps quelque

  1. Esquisse de la vie de Mgr de Laval — Vieille brochure anonyme.