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La Monongahéla

d’argent qui lui pendait au cou, de Beaujeu, le fusil à la main, marchait à la tête de ses hommes.

« À midi et demi, il rencontra la première colonne anglaise à trois lieues du fort Duquesne ; elle venait de gravir la hauteur au-dessus de la Monongahéla, et avait commencé à défiler par un sentier de chasse. Les sauvages s’arrêtèrent un instant pour considérer cette masse d’hommes qui s’avançaient lentement et régulièrement à travers le bois si épais de cette partie du pays. Les baïonnettes étincelantes, les brillants habits écarlates des soldats anglais étonnèrent ces enfants de la forêt, accoutumés à ne rencontrer que des guerriers habillés comme eux. De leur côté, les soldats furent surpris à la vue des guerriers français et sauvages qui se ressemblaient par le costume.

« Après quelques moments d’étonnement de part et d’autre, la fusillade commença. Le feu des français et des sauvages faisait un effet terrible sur les rangs serrés des régiments anglais. Sur l’ordre de Braddock, l’artillerie s’avança et ouvrit vigoureusement le feu sur les Français ; le brave de Beaujeu tomba mort à la troisième décharge. Le sieur Dumas, commandant en second, le remplaça. Pour se mettre à l’abri des boulets, les Français et leurs alliés se jetèrent chacun derrière un arbre et un feu terrible écrasait les troupes anglaises sans qu’elles pussent apercevoir leurs ennemis. »