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La Monongahéla

« À Grand-Pré, dit-il, Winslow, par une proclamation affichée, invitait les vieillards, les jeunes gens et jusqu’aux enfants mâles de dix ans, de se réunir dans l’église de ce lieu, le vendredi, cinq de septembre 1755, pour recevoir certaines communications qu’il avait à leur faire de la part du gouvernement.

« Plus de cinq cents hommes qui avaient répondu à cet appel furent renfermés dans l’église de Grand-Pré, où Winslow, environné de ses officiers, leur expliqua les intentions du gouvernement.

« Il leur annonça que le roi leur enlevait leurs terres, les bestiaux et tout ce qu’ils possédaient, à l’exception de leurs meubles personnels et de leur argent ; que, de ce moment, ils demeuraient prisonniers sous la garde des troupes qu’il commandait.

« À Grand-Pré furent réunis, comme prisonniers, quatre cent quatre-vingt-trois hommes et trois cent trente-sept femmes, tous chefs de famille ; le nombre de leurs enfants réunis avec eux pour prendre le chemin de l’exil, s’élevait à mille cent trois.

« Comme quelques-uns de ces malheureux habitants s’étaient réfugiés dans les forêts, on employa tous les moyens pour les forcer à venir se mettre à la disposition des anglo-américains ; on ravagea tout le pays environnant pour les empêcher de subsister. Dans le seul district des mines, deux cent cinquante-