Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
La Monongahéla

Quand elle s’assit, sous le feuillage d’un oranger, un signe visible d’inquiétude vint ajouter à la pâleur de son visage. Elle semblait craindre de toucher au moment où il allait falloir ne plus rêver du passé, pour accepter un avenir sur lequel elle n’osait porter ses regards.

Tout à coup elle fut troublée dans sa rêverie par la vieille Inès venant l’informer qu’un étranger demandait la faveur de l’entretenir quelques instants.

— Je ne reçois personne ! répondit la jeune fille.

— Chère enfant, je crois que vous avez tort, répliqua Inès. Cet étranger vient de loin et il assure qu’il peut vous donner des nouvelles de quelqu’un que vous avez bien connu.

Dona Maria tressaillit et un certain espoir, espérance vague, chimérique, traversa son cœur.

— Amène cet étranger ici, dit-elle.

Quelques instants après, l’étranger était devant elle. Un grand feutre auquel il porta la main, mais sans l’ôter, ombrageait sa figure, sur laquelle les fatigues avaient laissé de profondes traces.

L’étranger considérait avidement la fille de Don Pedro.

— Vous avez désiré me voir, mon ami ? dit celle-ci.

— Oui, señora, et je vous suis bien reconnaissant de m’avoir reçu.

Au son de cette voix, la jeune fille se leva trem-