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La Monongahéla

Et le gouverneur attirant à lui sa femme la pressa tendrement sur son cœur.

Irène et Nicolas, qui n’avaient pas perdu un seul mot de l’entretien, se regardèrent attendris et souriants, tandis que de grosses larmes coulaient de leurs yeux.

— Eh bien ! mon ami, avait repris madame de Vaudreuil en se dégageant doucement de l’étreinte de son mari, laissez-vous toucher par le chagrin de ces deux beaux jeunes gens. Ils s’aiment d’un amour pur, et c’est Dieu qui a mis ce sentiment dans leur cœur. Croyez-moi, ce serait aller contre ses desseins que de briser ce qu’il a uni.

Le vieux couple continuait sa promenade et la réponse de M. de Vaudreuil n’arriva pas jusqu’aux jeunes gens.

— Oh ! vous aviez raison, dit Irène, c’est aujourd’hui, c’est tout de suite qu’il faut demander ma main !

Et gracieuse et légère, la jeune fille s’élança dans la direction du château en envoyant du bout de ses jolis doigts un baiser à son fiancé.

Nicolas de Neuville se rendit également au château St-Louis et demanda une audience au gouverneur.

Quand, une heure après, le jeune homme sortit du cabinet de M. de Vaudreuil, il avait les yeux rouges et le gouverneur paraissait vivement ému.