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La Monongahéla

— Monseigneur, répondit le jeune homme, ce que j’ai à vous rapporter pour ma part n’est pas bien intéressant. Partis il y a huit jours, nous avons eu à lutter presque tout le temps contre des vents contraires. Tous les jours, je descendais à terre pour prendre des renseignements. Mais à chaque endroit, je ne recueillais que ceux déjà reçus, à savoir qu’une flotte anglaise remontait le fleuve.

— Ce n’est que dans les parages de l’île aux Œufs, que j’appris par des pêcheurs que plusieurs vaisseaux avaient effectivement paru, mais qu’il s’en était perdu sept ou huit des plus gros sur les rochers de l’île aux Oiseaux.

Je me rendis sur les lieux, et c’est alors que je rencontrai ce brave, le seul survivant du naufrage, qui vous donnera les détails nécessaires.

— Mais cet homme est un matelot anglais ? fit le gouverneur.

— As pas peur ! mon commandant, dit enfin l’inconnu qui, jusque-là n’avait pu que promener des regards curieux sur tous les objets qui l’entouraient.

— Comment ! mon brave, vous êtes Français ? s’écria le gouverneur surpris.

— Canadien ! mon commandant, Pierre Paradis, prisonnier des Anglais pour vous servir, s’il en était capable, pris sur le vaisseau du roi la Seine où j’étais gabier d’artimon.