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La Monongahéla

les grilles de leur balcon que les femmes espagnoles, assure-t-on, semblent exercer le charme le plus puissant.

Un rebozo de soie voilait sa tête et ondulait en replis moelleux sur son cou et sur ses épaules, comme les plumes de la colombe, au gré de ses mouvements. La fenêtre, de plein pied, ne cachait rien de sa taille élégante et laissait voir jusqu’au soulier mignon qui chaussait son joli pied.

Daniel appuya son front contre les grilles, comme si cette blanche apparition avait ébloui ses yeux, incapable d’articuler une parole.

Ce fut la jeune fille qui rompit le silence.

Senor, dit-elle de cette voix mélodieuse qui charmait tant le jeune homme, vous avez désiré me parler sans témoins. J’ai consenti à vous donner ce rendez-vous, ce qui n’est pas regardé comme une mauvaise action dans nos mœurs ; mais j’ai appris par Inès que dans votre pays, une jeune fille se compromettrait en agissant ainsi. Eh bien ! Senor, au risque de baisser dans votre esprit, je n’ai pas voulu manquer à ma parole.

Senora, j’ai toujours pensé et je crois encore que vous êtes la plus pure des jeunes filles ! répondit Daniel.

— Merci, senor. Mais vous aviez une communication importante à me faire ? Je vous écoute.

Senora, vous rappeliez-vous ce jour où je vous