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La Monongahéla

les plus pénibles en hiver, au milieu des bois, portant leurs provisions sur leur dos et souvent à moitié vêtus.

« Un européen qui ne serait jamais venu en ce pays, dit Bancroft, et auquel on raconterait quelques-unes de ces expéditions, croirait à un récit de la fable. »[1]

Le fort St-Jean de Terreneuve était bien approvisionné de munitions de guerre et défendu par 900 hommes. On se rappellera que l’effectif de la troupe de M. de Saint-Ovide n’atteignait pas plus de deux cents soldats. Mais comptait-on ses ennemis en ce temps-là ?

Des éclaireurs, envoyés vers le fort, rapportèrent les nouvelles les plus favorables. Les ennemis, confiants dans leurs forces, se livraient au plaisir et paraissaient plongés dans la plus parfaite sécurité.

Il fallait donc saisir l’occasion aux cheveux, que l’on nous passe l’expression. Les officiers et les soldats ne demandaient qu’à marcher. On résolut de ne pas les faire languir et de profiter de leur enthousiasme pour assurer la victoire dont on ne doutait pas. Comme l’expédition ne pouvait réussir que par surprise, avant de pousser plus loin, on prépara promptement ce qui était indispensable pour s’attaquer au fort en arrivant.

  1. History of the United States.