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La Monongahéla

Ce projet téméraire reçut l’approbation de M. de Subercase qui réunit aussitôt une centaine d’hommes, sauvages et habitants, auxquels se joignirent les cinquante matelots canadiens commandés par Nicolas de Neuville et Gaspard Bertrand, en sous-ordre.

Le parti se mit en marche sur les neiges le quatorze décembre. Le vingt, il arriva au fond de la baie Ste-Marie, où nous venons de le retrouver.

Au point du jour, après un frugal repas composé de pemmican,[1] la troupe se remit en marche et se trouva, vers midi, devant un bras mer de quatre à cinq lieues de largeur. Heureusement M. de Costebelle avait eu la précaution d’envoyer des chaloupes, de sorte que la traversée se fit sans beaucoup de difficultés.

Enfin le 31 décembre, le parti arrivait le soir à cinq lieues de St-Jean sans que les Anglais eussent même soupçonné leur marche.

« Quoiqu’il fît toujours extrêmement froid, dit Garneau, il fut défendu de faire du feu ; on campa dans un petit bois de sapins pour s’abriter un peu ; les soldats mirent leurs souliers sous eux pour les faire dégeler par la chaleur de leurs corps. »

On n’a pas une idée bien nette aujourd’hui de ce qu’était la guerre à cette époque en Amérique et de l’héroïsme de nos soldats obligés de faire les marches

  1. Viande séchée que l’on réduit en poudre.