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74 Htstoire critique de la rédaction des confessions

On ne saurait dire que Rousseau se soit donné autant de peine pour transmettre ses Confessions à la postérité. Il n’en avait rédigé que deux manuscrits complets, dont il donna l’un, en même temps que celui des Dialogues, à son ami Moultou, et la façon solennelle dont il accomplit cet acte à Paris, a trait à l’un et à l’autre de ces ouvrages.

Mais la preuve que la conservation des Confessions ne te- nait pas moins au cœur de l’auteur que celle des Dialogues c’est l’avertissement qui figure en tête de l’exemplaire de cet ouvrage remis à Moultou. Cet avertissement est très re- marquable, et correspond parfaitement à l’Avis au lecteur qui précède les Dialogues. Il faut en conclure que ces deux avis remontent à la même époque, c’est à dire au commencement de 1776. Il est intéressant de mettre en parallèle ces deux avertissements :

ï L’avertissement des Dia- logues est placé au verso du titre et avant la première page.i Rousseau juge de Jean-Jacques. Oeuvres compl. IX. 317.)

Qui que vous soyez, que le ciel a fait l’arbitre de cet écrit, quelque usage que vous aye^ résolu d’en faire , et quelque opinion que vous ayez de l’au- teur, cet auteur infortuné vous conjure, par vos entrailles hu- maines et par les angoisses qu’il a souffertes en l’écrivant, de n’en

»0n lit» l’avertissement des Confessions >au revers du feuillet destiné à porter le titre, a (Félix BovET. Fragments inédits etc. p. 4.)

•Void le seul portrait d’homme peint exactement d’après nature et dans toute sa vérité, qui existe, et qui probablement existera jamais.

Qui que vouz soyez que ma destinée ou ma confiance ont fait ^arbitre du sort de ce caiiier, je vous conjure par mes malheurs, par vos entrailles, et au nom de toute l’espèce hu- maine, de ne pas anéantir un ouvrage unique et utile, le- quel peut servir de première

conservée avec d’autres manuscrits de M. Du Peyrou à la Bibt. de Neuchâlel.) En effet M, C. J. Vergnaud-Komagnesi nous apprend que Thérèse Levasseur avait ^ert à la Convention en même temps que le manuscrit des Canfeisiotis un manuscrit des Dialogues. Mais Vergnaud-Romagnesi s’est trompé. [Voyez Morin, Essai sur la vit et tt caractère de y.-f. £ousseau p. 596,] — Nous ne saurions dire si Th. I-evasseur était bien informée, en écrivant, le 6 mars 1780 à M. Du Peyrou, que le véritable et premier manuscrit des Dialogues avait été donné par Rousseau i M. d’Angevillier, ordonnateur des bâtiments du Roi, et que te marquis de Girardin en avait reçu une copie. (Manuscr. de Neuchâtel).

Cet exemplaire fut-il remis à ta Bibliothèque de l’Assemblé nationale? Nous ne le pensons pas ; car on lit au veiso de la couverture de cet exemplaire les paroles suivantes; tCe manuscrit a iti dormi par l’auteur à une dame de la famille de Cramayel , qui II dimna elle-même à M. de Clérigny, ancien administrateur des domaines de la couronne. Celui-ci le donna à M. de la Chapelle. Il est passé ensuite à M. Flohert.t (Morin p. 599.)