Page:Rousseau - Fragments inédits éd. Jansen 1882.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

70 Histoire critique de la rédaction des

par une lettre du 5 février 1772. (163) Ainsi le Testament a paru en 1772, mais portant, comme tous les documents de ce genre, la date de sa conception, l’année 1771.

Les dernières volontés d’un homme intéressent toujours tous ceux à qui elles s’adressent Mais le testament de Rousseau resta tout-à-fait ignoré, même de ses contemporains,

Désespérant du genre humain, Rousseau rompit alors tout com- merce et toute correspondance même avec ses vieux amis. Quant à ses ouvrages, il n’y compta pas non plus^ car touC-à-coup son esprit se vit dominé par l’idée fixe que ses ennemis fabri- quaient sous son nom des livres exécrables, tout en persuadant au public que Jean-Jacques Rousseau n’était point l’auteur de ceux qu’il avait écrits en réalité; qu’ils préparaient partout des éditions de ses œuvres qui, étant mutilées et falsifiées, ne pou- vaient que flétrir son nom parmi les hommes de son temps et de l’avenir.

Ainsi les sages conseils de M. Saint-Germain furent inutiles à l’auteur des Confessions. Ce fut en vain que ce malheureux les professa dans son Testament de 1771, et qu’il y mit sous leur vrai jour ses ouvrages principaux dont, selon l’opinion de son ami, il pouvait attendre sa justification. Pour «l’honneur de sa mémoirec, il fallut alors de nouveaux moyens et son génie original en a trouvé des plus singuliers.

SUITE ET FIN DES CONFESSIONS Dans les derniers jours de 1770 ou dans les premiers de 1771, Rousseau termina par le livre douzième la seconde partie de l’histoire de sa vie. Il la clôt par ces paroles: lOn verra dans ma troisième partie, si jamais j’ai la force de l’écrire, comment, croyant partir pour Berlin (en quittant, en 176S1 1* Suisse), je partis en effet pour l’Angleterre, et comment les deux dames {de BoUFFLERS et de verdelin), qui voulaient disposer de moi, après m’a voir à force d’intrigues chassé de la Suisse, où je n’étais pas assez en leur pouvoir, parvinrent enfin à me livrer à leur amis (Hume), (164) Le livre douzième, réuni aux livres VII — -XI pour des motifs de convenance littéraire, appartient par son sujet à la troisième partie que l’auteur projetait. En effet il dit lui-même dès le début: >Si parmi mes lecteurs il s’en trouve d’assez généreux pour vouloir approfondir ces mystères et découvrir la vérité, qu’ils relisent avec soin les trois précé- dents livres, (IX — XI); qu’ensuite à chaque fait qu’ils liront dam les suivants, ils prennent les informations qui seront à leur portées eie. (165)

(163) La lettre du duc de Choîseul fui publiée par Le Tomeur Voya/^c a Eroimonville 1788, et réimprimée dans la Nouvelle Hile’isi, édilion de Lau- Banne 1791. 1. Introduction page XVII noie.

fi64j Oetnir. cûmpl. Conf. IX. 81.

(165) Ibid. p. 33.