Page:Rousseau - Du contrat social 1762a.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes volontés les plus & les moins qui s’entredétruisent[1], reste pour somme des différences la volonté générale.

Si, quand le peuple suffisamment informé délibére, les Citoyens n’avoient aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences résulteroit toujours la volonté générale, & la délibération seroit toujours bonne. Mais quand il se fait des brigues, des associations partielles aux dépends de la grande, la volonté de chacune de ces associations devient générale par rapport à ses membres, & particuliere par rapport à l’Etat ; on peut di-

  1. Chaque intérêt, dit le M. d’A. a des principes différents. L’accord de deux intérêts particuliers se forme par opposition à celui d’un tiers. Il eut pu ajouter que l’accord de tous les intérêts se forme par opposition à celui de chacun. S’il n’y avoit point d’intérêts différens, à peine sentiroit-on l’intérêt commun qui ne trouveroit jamais d’obstacle : tout iroit de lui-même, & la politique cesseroit d’être un art.