Page:Rousseau - Du contrat social 1762a.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais il n’y a que les plus grands dangers qui puissent balancer celui d’altérer l’ordre public, & l’on ne doit jamais arrêter le pouvoir sacré des loix que quand il s’agit du salut de la patrie. Dans ces cas rares & manifestes on pourvoit à la sûreté publique par un acte particulier qui en remet la charge au plus digne. Cette commission peut se donner de deux manieres selon l’espece du danger.

Si pour y remédier il suffit d’augmenter l’activité du gouvernement, on le concentre dans un ou deux de ses membres ; Ainsi ce n’est pas l’autorité des loix qu’on altere mais seulement la forme de leur administration. Que si le péril est tel que l’appareil des loix soit un obstacle à s’en garantir, alors on nomme un chef suprême qui fasse taire toutes les loix & suspende un moment l’autorité Souveraine ; en pareil cas la volonté générale n’est