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cun vole aux assemblées ; sous un mauvais Gouvernement nul n’aime à faire un pas pour s’y rendre ; parce que nul ne prend intérêt à ce qui s’y fait, qu’on prévoit que la volonté générale n’y dominera pas, & qu’enfin les soins domestiques absorbent tout. Les bonnes loix en font faire de meilleures, les mauvaises en amenent de pires. Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’État, que m’importe ? on doit compter que l’État est perdu.

L’attiedissement de l’amour de la patrie, l’activité de l’intérêt privé, l’immensité des États, les conquêtes, l’abus du Gouvernement ont fait imaginer la voye des Députés ou Réprésentans du peuple dans les assemblées de la Nation. C’est ce qu’en certains pays on ose appeller le Tiers-État. Ainsi l’intérêt particulier de deux ordres est mis au premier & second rang, l’intérêt public n’est qu’au troisieme.