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LIVRE I. - CI-IAP. IV. 2I pour qu’un gouvernement arbitraire filt légitime, qu’a chaque génération le peuple fut le maitre de l’admettre ou de le rejeter : mais alors ce gouvernement ne serait plus arbitraire. Renoncer a sa liberté, c’est renoncer a sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, meme a ses devoirs. Il ‘ n’y a nul dédommagement possible pour quiconque re- nonce 5 tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme(1); et c’est oter toute moralité a ses actions que d’oter toute liberté a sa volonté. Enfin c’est une convention vaine et contradictoire de stipuler d’une part une autorité absolue, et de l’autre une obéissance sans bornes. N’est·il pas clair qu’on n`est engagé a rien envers celui dont on adroit de tout exiger? Et cette seule condition, sans équivalent, sans échange, n’entraine-t-elle pas la nul- lité de l’acte? Car quel droit mon esclave aurait-il contre moi, puisque tout ce qu’il a m’appartient, et que, son droit ` étant le mien, ce droit de moi contre moi-méme est unmot qui n’a aucun sens? Grotius et les autres tirent de la guerre une autre ori- gine du prétendu droit d`esclavage. Le vainqueur ayant, ( selon eux, le droit de tuer le vaincu, celui·ci peut racheter E sa vie aux dépens de sa liberté; convention d’autant plus ( légitime qu’elle tourne au proiit de tous deux (2). » (1) Purrox, Des Lois, liv. VI. — Il est évident que l’homme, animal dif- 1 ficile in manier, ne consent qu’avec une peine infinie A cette distinction d’homme libre et d`esclave, de maitre et de serviteur, introduite par la néces- sité. — Eh bien? — Par conséquent, l`esc1ave est une possession tres em- barrassante... (2) Gaorxus, Du Droit de Ia Guerre et de Ia Paix, liv. III, chap. vu. — Pour ce qui est des eifets d’un tel esclavage, ils sont sans bornes, et les plus gI'8Id¢S CI'l18UféS QUC les IDRIITCS CXCFCCIII d¢1’Il¢l1I'¢I'II IIYIPLIIIICS". La raison, pour tout ce dont nous venons de parler, a été établie par le droit des gens; c’est atin que Pespérance de tant d’avantages qu’on retirerait de la possession d’un esclave engageét ceux qui étaient en guerre A s’abstenir volontiers de faire mourir leurs prisonniers ou sur-le-champ ou quelque temps aprés, comme ils pouvaient le faire en vertu du droit souveraine- ment rigoureux que leur donnaient les droits de la guerre... Le juriscon- sulte Pomponius tire de la Vétymologie du mot dont on se sert eu latin pour E