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414 DU CONTRAT SOCIAL. ront etre utiles aux opprimés, ils trouveront toujours en moi, dans le malheur, l’intéret et le zele que dans les miens je n’ai trouvés chez personne. » Lettre d }l***. Au sujet d’un mémoire en faveur des protestann, que Pon devait adresser aux évéques de France. M • :765. e La lettre, monsieur, et le mémoire de M. *** que vous m’avez envovés, coniirment bien l’estime et le respect que j’avais pour leur auteur. ll y a dans ce mémoire des choses qui sont tout A fait bien, p cependant il me semblerait que le plan et l’exécution demanderaient l une refonte conforme aux excellentes observations contenues dans votre lettre. L’idée d’adresser un mémoire aux évaques n’a pas tant R pour but de les persuader eux·memes que de persuader indirecte- ment la cour et le clergé catholique qui seront plus portés e donner i au corps épiscopal le tort dont on ne les chargera pas eux-memes. D’Ol:1 il doit arriver que les éveques auront honte d’élever des oppo- sitions e la tolérance des protestants ou que s’ils font ces oppositions, ils attireront contre eux la clameur publique et peut·etre les rebuf- fades de la cour. er Sur cette idée, il parait qu’il ne s’agit pas tant, comme vous le N dites tres bien, d’exp1ications sur la doctrine, qui sont assez connues et ont été données mille tois, que d’une exposition politique et adroite de l’utilité dont les protestants sont a la France, A quoi l’on peut ajouter la bonne remarque de M. *** sur Pimpossibilité reconnue de les réunir a l’Eglise et par consequent sur l’inutilité de les opprimer, oppression qui ne pouvant les détruire ne peut servir qu’e les aliéner. at En prenant les éveques, qui, pour la plupart, sont des plus grandes maisons du royaume, du cété des avantages de leur nais· q ` sance et de leurs places, on peut leur montrer avec force combien ils l doivent étre attachés au bien de l’Etat a proportion du bien dont il i les comble et des privileges qu’il leur accorde; combien il serait i horrible e eux de préférer leur intéret et leur ambition particuliere R au bien général d’une société dont ils sont les principaux membres; l on peut leur prouver que leurs devoirs de citoyens, loin d’etre oppo- i sés a ceux de leur ministere, en regoivent de nouvelles forces; que i l’humanité, la religion, la patrie leur prescrit la meme conduite et la l meme obligation de protéger leurs malheureux freres opprimés plutet que de les poursuivre. Il y a mille choses vives et saillantes e dire la·dessus, en leur faisant honte, d’un c6té, de leurs maximes bar- bares sans pourtant les leur reprocher et de 1’autre, en excitant contre eux l’indignation du ministere et des autres ordres du royaume sans pourtant paraitre y techer.