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( ( 3go DU CONTRAT SOCIAL. ( - gouvernement est réellement susceptible d’autant de formes que l’Etat a de citoyens, Il y a plus: chacun de ces gouvernements pouvant A certains égards se subdiviser en diverses parties, Pune administrée d’une maniére et l’autre d’une autre, il peut résulter de ces trois formes combinées ( une multitude de formes mixtes dont chacune est multipliable par toutes les formes simples. ( On a de tout temps beaucoup disputé sur la meilleure forme de gouvernement, sans considérer que cbacune est la meilleure en cer- ) tains cas, et la pire en d’autres. Pour nous, si dans les différents Etats ( le nombre des magistrats (1) doit étre inverse de celui des citoyens, ( nous conclurons qu’en général le gouvernement démocratique con- vient aux petits Etats, l’aristocratique aux médiocres, et le monar- chique aux grands. C’est par le fil de ces recherches que nous parviendrons A savoir 1 quels sont les devoirs et les droits des citoyens, et si I’on peut séparer ~ les uns des autres; ce que c’est que la patrie, en quoi précisément i elle consiste, et A quoi chacun peut connaitre s’il a une patrie ou s’il R n’en a point. Apres avoir ainsi considéré chaque espece de société civile en elle- méme, nous les comparerons pour en observer les divers rapports : les unes grandes, les autres petites; les unes fortes, les autres faibles; q s’attaquant, s’oflensant, s’entre·détruisant; et, dans cette action et ( réaction continuelle, faisant plus de misérables et coutant la vie A plus ( d’hommes que s’ils avaient tous gardé leur premiere liberté. Nous ) examinerons si l’on n’en a pas fait trop ou trop peu dans l’institution sociale; si les individus soumis aux lois et aux hommes, tandis que les sociétés gardent entre elles l’indépendance de la nature, ne restent pas exposés aux maux des deux Etats, sans en avoir les avantages et, s’il ne vaudrait pas mieux qu’il n’y edt point de société civile au monde que d’y en avoir plusieurs. N’est-ce pas cet Etat mixte qui participe A ( tous les deux et n’assure ni l’un ni l’autre, per quem neutrum licet, A nec tanquam in bella paratum esse, nec tanquam in pace securum (2) ? ) N’est-ce pas cette association partielle et imparfaite qui produit la i tyrannie et la guerre? et la tyrannie et la guerre ne sont-elles pas ) les plus grands fiéaux de Phumanité?

 . · _ Nous examinerons eniin l’espece de remédes qu’on a cherchés A

"$r· {s *ces inconvénients par les ligues et confédérations, qui, laissant chaque " - Etat son·ma‘itre au dedans, I’arment au dehors contre tout agresseur injuste. Nous rechercherons comment on peut établir une bonne asso- ( ciation fédérative, ce qui peut la rendre durable, et jusqu’A quel point ( (1) On se souviendra que je n'entends parler ici que de magistrate supremes ou chefs de la nation, les autres n'étant que leurs substituts en telle ou telle partie. (2) Snaxc., dc Tranq. anim., cap. 1. •