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Ce manuscrit (de 265 millimetres sur 190), relié en maroquin rouge avec dorures au petit fer et dentelle intérieure, porte sur le plat le titre : Contrat social. Il renferme soixante-douze feuillets qui, à juger par la beaute de l’écriture et la rareté des corrections, ne peut etre qu’une mise au net[1]. Le texte n’était écrit primitivement que sur le recto, ce qui pourrait faire croire qu’il était d’abord destiné à l’impression. Comme il s’arrête au milieu d’un développement d’idées et à la fin d’une page, il est presque certain qu’une partie de ce manuscrit, plus complet et l’origine, a disparu depuis[2]. Le bas des feuillets 4 et 53, une grande partie du feuillet 5 et tout le feuillet 38 sont barrés. Les versos de la plupart des feuillets renferment des passages additionnels, d’une écriture différente de celle du manuscrit et qui paraissent d’une date postérieure[3]. Des renvois indiquent presque toujours la place ou ces passages doivent s’intercaler dans le texte ou l’accompagner sous forme de notes. Le verso des feuillets 46-51 est entièrement couvert par un texte d’une écriture plus serrée et qui déborde même sur les rectos. Ce texte renferme le brouillon du chapitre sur la Religion civile, mais il ne porte pas de titre. On y remarque de nombreuses corrections. Le verso de la derniere page porte aussi une note qui paraît être d’une autre écriture que le texte principal.

  1. Nombre de mots omis par une inadvertance du copiste, et surajoutés ensuite au texte, montrent bien que Rousseau travaillait sur des brouillons antérieurs.
  2. Rousseau écrit à Rey le 23 décembre 1761 : « Vous le trouvez (le manuscrit) petit pour un volume. Cependant il est copié sur un brouillon que vous avez jugé devoir en faire un et même le chapitre sur la Religion y a été ajouté depuis. » Si ce brouillon, comme on peut le supposer, est le manuscrit de Genève, il en résulterait que dans l’état où Rey l’a vu il était plus complet que dans son état actuel. Rousseau dit, il est vrai, dans une lettre antérieure (2 sept. 1761) : « J’ai de la répugnance à aventurer ainsi un manuscrit plus ample et plus correct que le brouillon qui m’en reste et que je ne pourrais plus rétablir tel qu’il est s’il venait à s’égarer. » Mais comme plusieurs chapitres des deux premiers livres du manuscrit ont été considérablement remaniés dans le texte définitif, cette lettre n’infirme pas notre hypothèse ; elle la confirme plutôt, car ses termes mêmes semblent se référer à une copie plus complète que celle du manuscrit de Genève, tel qu’il nous est parvenu.
  3. Presque tous ces fragments ont passé sans changement dans le texte définitif du Contrat, ce qui semble bien indiquer qu’ils ont été ajoutés au moment de la refonte, ou pendant la correction des épreuves.