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dées, aurait été écrite en réponse à une brochure de M. Bordes. Rousseau déclare, dans cet écrit, qu’il a « découvert de grandes choses » dans ses méditations solitaires ; qu’il « va reprendre le fil de ses idées », de « ce triste système, fruit d’un examen sincère de la nature de l’homme, de ses facultés et de sa destination ». « Ayant tant d’intérêts à combattre, tant de préjugés à vaincre et tant de choses dures à annoncer, » il n’a pas laissé voir dès l’abord toute sa pensée. Son discours de Dijon n’était « qu’un corollaire » de son système. Jusqu’a présent il n’avait écrit que pour ceux qui savent entendre à demi-mot. Cette fois il va écrire pour le peuple. Ces termes sont presque les mêmes que ceux dont il se sert dans une autre ébauche de préface que M. Streckeisen-Moultou publie en tête de ce qu’il appelle « les fragments » des Institutions politiques, et avec une sorte de plan écrit par Rousseau sur le revers de la feuille ou se trouve cette préface, et qui porte sans autre indication les titres suivants : Grandeur des Nations ; des Lois ; de la Religion ; de l’Honneur ; des F…  ; du Commerce ; des Voyages ; des Aliments ; Abus de Ia Société ; Culture des sciences ; Examen de la République de Platon.

Il nous semble que le ton de ces préfaces est assez en rapport avec les dispositions auxquelles fait allusion le passage des Confessions relaté ci-dessus et qui nous reporte vers les années 1751-1752 ; quant aux morceaux que M. Streckeisen a cru devoir grouper comme faisant partie des Institutions politiques, rien ne prouve qu’ils eussent plutôt cette destination que d’autres fragments, conservés à la bibliothèque de Neuchâtel et publiés dans le même volume sous d’autres rubriques. Les uns et les autres pourraient aussi bien se rattacher à la Morale sensitive dont les Confessions ont esquissé le plan, avec ce renseignement que le brouillon de cet ouvrage aurait été égaré, en partie, pendant le séjour de Rousseau à Montmorency. Ce qui nous paraît plus probable, c’est qu’une certaine portion du travail composé par Jean-Jacques à cette époque, a du passer dans le discours sur l’lnégalité : ce qui expliquerait assez bien que Rousseau n’ait pas publié l’étude qu’il annonce dans sa préface restée interrompue. Le nouveau sujet proposé par l’Académie de Dijon se trouvait étre précisément celui qu’il méditait lui-même dans ses promenades soli-