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184 DU CONTRAT SOCIAL. S’ensuit·il de la que la volonté générale soit anéantie ou corrompue? Non: elle est toujours constante, inaltérable et pure; mais elle est subordonnée at d’autres qui l`empor- tent sur elle. Chacun, détachant son intérét de Pintérét · commun, voit bien qu’il ne peut l’en séparer tout a fait; mais sa part du mal public ne lui parait rien aupres du bien exclusif qu’il prétend s’approprier. Ce bien particulier excepté, il veut le bien général pour son propre intérét, tout aussi fortement qu’aucun autre. Méme en vendant son suf- frage a prix d’argent, il n’éteint pas en lui la volonté géné- rale, il l’élude. La faute qu’il commet est de changer l’état de la question et de répondre autre chose que ce qu’on lui demande, en sorte qu’au lieu de dire, par un suffrage : tt Il est avantageux a l’Etat, » il dit : tt Il est avantageux a tel homme ou a tel parti que tel ou tel avis passe. » Ainsi la loi de l’ordre public dans les assemblées n’est pas tant d’y maintenir la volonté générale que de faire qu’elle soit tou- jours interrogée et qu’elle réponde toujours. J`aurais ici bien des réflexions a faire sur le simple droit de voter dans tout acte de souveraineté, droit que rien ne peut 6ter aux citoyens; et sur celui d’opiner, de proposer, de diviser, de discuter, que le gouvernement a toujours grand soin de ne laisser qu’a ses membres; mais cette im- · portante matiere demanderait un traité a part, et ie ne puis tout dire dans celui-ci (1). CHAPITRE II DES SUFFRAGES On voit, par le chapitre précédent, que la maniere dont se traitent les affaires générales peut donner un indice assez q�I semblent COI'lS8.Cl'éS, IIS SQVCIII RITICDCP PCU A PCL! 168 choses ql1¢ CCS mots signiiient. _ (1) R. 7* Lettre de Ia Montague (note). — Dans un Etat qui se gouverne en république, et ou l'on parle la langue francaise, il faudrait se faire un l