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relle et ses biens en sortant du pays (a). Or il serait absurde qJC (ODS lCS citoyens féunls DC PIJSSCIII pas CC ql1C pC�t séparément chacun d’eux (1). _

sortie d’une personne seule... Le jurisconsulte Tryphonin dit qu’il est libre A chacun de choisir l’Etat dont il vent étre membre.

Les Romains ne forcaient personne A demeurer dans leur Etat et Cicéron loue fort cette maxime; il dit que chacun doit étre maitre de retenir son droit et d’_y renoncer, et que c’est Id Ie plus ferme fondement de la liberté.

Il y a pourtant ici une regle A suivre et qui est prescrite par l’équité naturelle, c’est qu’on ne doit pas sortir de la société... lorsque l’Etat est fort endetté, A moins qu’on ne veuille, avant que de quitter Ie pays, payer sa quote-part des dettes, ou quand le souverain s’est engagé dans une guerre, comptant sur le nombre des citoyens,surtout si 1’on est A la veille d’un siege, °A moins que le citoyen qui veut se retirer ailleurs n’ait quelque autre personne pour mettre A sa place, et qui soit aussi capable que lui de concourir A la défense de l’Etat. _

Hors ces cas-lA, il y a présomption que les peuples laissent A chacun la liberté dc sortir de l’Etat.

(a) Bien entendu qu’on ne quitte point pour éluder son devoir et se dispenser de servir sa patrie au moment qu’elle a besoin de nous. La fuite alors serait criminelle et punissable, ce ne serait plus retraite, mais désertion. (Note du Contrat social, édition de 1762.)

(1) R. Emile, liv. V. - Par un droit que rien ne peut abroger, chaque homme, en devenant maieur et maltre de lui-méme, devient maitre aussi de renoncer au contrat par lequel il tient A la communauté en quittnnt le pays dans lequel elle est établie. Ce n’est que par le séjour qu’il y fait apres l’Age de raison qu’il est censé coniirmer tacitement Pengagement qu’ont pris ses ancétres. ll acquiert le droit de renoncer A sa patrie comme A la succession de son pére, encore le lieu de la naissance étant un don de la nature, cede-t-on du sien en y renoncant. Par le droit rigoureux, chaque homme reste libre A ses risques en quelque lieu qu’il naisse, A moins qu’il ne se soumette volontairement aux lois pour acquérir le droit d’en etre protégé.