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LIVRE TROISIÈME 2l5

au contraire, plus le magistrat est nombreux, plus la volonté de corps se rapproche de la volonté géné- rale : au lieu que, sous un magistrat unique, cette même volonté de corps n'est, comme je l'ai dit, qu'une volonté particulière. Ainsi, Ton perd d'un côté ce qu'on peut gagner de l'autre, et l'art du législa- teur est de savoir fixer le point où la force et la volonté du gouvernement, toujours en proportion réciproque, se combinent dans le rapport le pjus avantageux à l'Etat (*).

��CHAPITRE III

��DIVISION DES GOUVERNEMENTS

On a vu dans le chapitre précédent pourquoi l'on distingue les diverses espèces ou formes de gouvernements par le nombre des membres qui

( l ) L'usage que fait ici Rousseau du langage mathématique est particulièrement remarquable. Il veut dire en effet ceci : — la rectitude de la volonté des magistrats (c'est-à-dire la conformité de cette volonté avec la volonté générale) est d'autant plus grande que le nombre de ces magistrats est plus grand ; mais plus ce nombre est grand, plus la force (ou l'activité) du gouvernement tout entier est faible. La force et la (rectitude de la) volonté sont donc deux quan- tités inversement proportionnelles. — Comme, selon lui, la force et la rectitude de la volonté sont dans un rapport nécessaire avec le nombre des magistrats, il traite comme des quantités ces deux notions, quoiqu'elles ne soient nulle- ment mesurables.

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