verain pour leur mutuelle correspondance, chargé de l’exécution des lois et du maintien de la liberté tant civile que politique.
Les membres de ce corps s’appellent magistrats ou rois, c’est-à-dire gouverneurs[1], et le corps entier porte le nom de prince[2]. Ainsi ceux qui prétendent que l’acte par lequel un peuple se soumet à des chefs n’est point un contrat, ont grande raison. Ce n’est absolument qu’une commission, un emploi, dans lequel, simples officiers du souverain, ils exercent en son nom le pouvoir dont il les a fait dépositaires, et qu’il peut limiter, modifier et reprendre quand il lui plaît[3], l’aliénation d’un tel droit étant incompatible avec la nature du corps social, et contraire au but de l’association.
J’appelle donc gouvernement ou suprême administration l’exercice légitime de la puissance exécutive, et prince ou magistrat l’homme ou le corps chargé de cette administration.
C’est dans le gouvernement que se trouvent les forces intermédiaires dont les rapports composent
- ↑ Roi, en latin rex, vient de regere, qui veut dire en effet diriger ou gouverner.
- ↑ C’est ainsi qu’à Venise on donne au collège le nom de sérénissime prince, même quand le Doge n’y assiste pas. (Note de Rousseau).
- ↑ Les citoyens ne font pas un contrat avec leurs chefs, parce que ceux-ci sont des citoyens comme tous les autres, soumis sans réserve à la volonté générale par le pacte social. Ils n’ont donc aucune autorité propre et le corps social ne peut traiter avec eux comme avec une puissance distincte. Toute leur autorité leur est déléguée par le souverain lui-même, qui les charge de l’accomplissement de certaines fonctions à des conditions déterminées.