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liri DU CONTRAT SOCIAL,

continuellement protégée ; et lorsqu'ils l'exposent pour sa défense, que font-ils alors que lui rendre ce qu'ils ont reçu de lui ? Que font-ils qu'ils ne fissent plus fréquemment et avec plus de danger dans l'état de nature, lorsque, livrant des combats inévitables, ils défendraient au péril de leur vie, ce qui leur sert à la conserver (')? Tous ont à combattre au besoin pour la patrie, il est vrai ; mais aussi nul n'a jamais à combattre pour soi. Ne gagne-ton pas encore à courir, pour ce qui fait notre sûreté, une partie des risques qu'il faudrait courir pour nous- mêmes sitôt qu elle nous serait ôtée ?

��CHAPITRE V

��DU DROIT DE VIE ET DE MORT

On demande ( 2 ) comment les particuliers, n'ayant point droit de disposer de leur propre vie, peuvent transmettre au souverain ce même droit qu'ils n'ont pas ( 3 ). Cette question ne paraît difficile à résoudre que parce qu'elle est mal posée. Tout homme adroit de risquer sa propre vie pour la conserver. A-t-on

(') C'est-à-dire, à la fois leurs biens et leur liberté.

( 2 ) Réponse à un passage de Locke, Gouvernement civil, en. ix.

( 3 ) Les hommes se sont dépouillés de ce droit, comme de tous les autres, lors du contrat social. Rousseau consi- dérait d'ailleurs le suicide comme rigoureusement condamné par toutes les lois morales et sociales ; voir la célèbre lettre de Milorcl Edouard, dans la Nouvelle Héloïse, III e partie, lettre 22.

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