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LIVRE DEUXIÈME l^j

il perd sa qualité de peuple ; à l'instant qu'il y a un maître, il n'y a plus de souverain, et dès lors le corps politique est détruit.

Ce n'est point à dire que les ordres des chefs ne puissent passer pour des volontés générales, tant que le souverain, libre de s'y opposer, ne le fait pas. En pareil cas, du silence universel on doit présumer le consentement du peuple. Ceci s'expli- quera plus au long (').

��CHAPITRE II

��QUE LA SOUVERAINETE EST INDIVISIBLE

Par la même raison que la souveraineté est inaliénable, elle est indivisible ; car la volonté est générale (à) ou elle ne l'est pas ; elle est celle du

à obéir aux lois que ce mandataire édicterait en son nom, même si ces lois n'étaient pas conformes à la volonté du peuple. Celui-ci reconnaîtrait une autorité supérieure à la sienne et cesserait d'être souverain.

(*) Les fonctions et les droits des chefs, ou du gou- vernement, seront étudiés au Livre III.

(a) Pour qu'une volonté soit générale, il n'est pas tou- jours nécessaire qu'elle soit unanime : mais il est nécessaire que toutes les voix soient comptées ; toute exclusion for- melle rompt la généralité (Note de Rousseau). — Rousseau admet ainsi, implicitement, que la majorité suflit, à défaut de l'unanimité, pour déclarer la volonté générale. Mais, comme il l'a dit (liv. I, en. v, fin), cette puissance de la majorité est elle-même l'effet du pacte social et elle n'est respectable que parce qu'elle a été reconnue par l'unanimité du corps social. La question sera reprise au chapitre des Suffrages, IV, n.

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