Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/661

Cette page n’a pas encore été corrigée

passé lesquelles ni l’un ni l’autre ne résonne plus. L’inspiration a aussi sa mesure & ses loix. Trop foible, elle ne rend point de Son ; trop sorte, elle ne produit qu’un cri perçant qu’il est impossible d’apprécier. Enfin il est constaté par mille expériences que tous les Sons sensibles sont renfermés dans une certaine latitude, passé laquelle, ou trop graves ou trop aigus, ils ne sont plus apperçus ou deviennent inappréciables à l’oreille. M. Euler en a même en quelque sorte fixé les limites, & selon ses observations rapportées par M. Diderot dans ses principes d’Acoustique, tous les Sons sensibles sont compris entre les nombres ; 30 & 7552 : c’est-à-dire que, selon ce grand Géometre, le Son le plus grave appréciable à notre oreille fait 30 vibrations par seconde, & le plus aigu 7552 vibrations dans la même tems : Intervalle qui renferme à-peu-pris 8 Octaves.

D’un autre côté l’on voit, par la génération harmonique des Sons, qu’il n’y en a dans leur infinité possible qu’un très-petit nombre qui puissent être admis dans le systême harmonieux. Car tous ceux qui ne forment pas des Consonnances avec les Sons fondamentaux, ou qui ne naissent pas, médiatement ou immédiatement, des différences de ces Consonnances, doivent être proscrits du systême. Voilà pourquoi, quelque parfait qu’on suppose aujourd’hui le nôtre, il est pourtant borné à douze Sons seulement dans l’étendue d’une Octave, desquels douze toutes les autres Octaves ne contiennent que des Répliques. Que si l’on veut compter toutes ces Répliques pour autant de Sons différens ; en les multipliant par le nombre des Octaves auquel est bornée l’étendue