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si, vaut assurément mieux que tout cela ; car la Gamme se trouvant complete, les Muances deviennent inutiles, & l’analogie des Octaves est parfaitement observée. Mais les Musiciens ont encore gâté cette méthode par la bizarre imagination de rendre les noms des Notes toujours fixes & déterminés sur les touches du Clavier ; en sorte que ces touches ont toutes un double nom, tandis que les Degrés d’un Ton transposé n’en ont point. Défaut qui charge inutilement la mémoire de tous les Dièses ou Bémols de la Clef, qui ôte aux noms des Notes l’expression des Intervalles qui leur sont propres, & qui efface enfin, autant qu’il est possible, toutes les traces de la modulation.

Ut ou re ne sont point ou ne doivent point être telle ou telle touche du Clavier ; mais telle ou telle Corde du Ton. Quant aux touches fixes, c’est par des lettres de l’Alphabet qu’elles s’expriment. La touche que vous appellez ut, je l’appelle C ; celle que vous appellez re, je l’appelle D. Ce ne sont pas des signes que j’invente, ce sont des signes tout établis, par lesquels je détermine très-nettement la Fondamentale d’un Ton. Mais ce Ton une sois déterminé, dites-moi de grace à votre tour, comment vous nommez la Tonique que je nomme ut, & la seconde Note que je nomme re, & la Médiante que je nomme mi ? Car ces noms relatifs au Ton & au Mode sont essentiels peur la détermination des idées & pour la justesse des Intonations. Qu’on y réfléchisse bien, & l’on trouvera que ce que les Musiciens François appellent solfier au naturel est tout-à-fait hors de la nature. Cette methode est inconnue chez