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étoit celui qui faisoit le moins d’effet. Les raisons en sont faciles à comprendre. Premiérement la mauvaise construction, de l’Orchestre, enfoncé dans la terre, & clos d’une enceinte de bois lourd, massif & chargé de fer, étouffe toute résonance : 2º. le mauvais choix des Symphonistes, dont le plus grand nombre reçu par faveur sait à peine la Musique, &. n’a nulle intelligence de l’ensemble : 3 º. leur assommante habitude de racler, s’accorder, préluder continuellement à grand, bruit, sans jamais pouvoir être d’accord : 4º. le génie François, qui est en général de négliger & dédaigner tout ce qui. devient devoir journalier : 5°. les mauvais Instrumens des Symphonistes, lesquels restant sur le lieu sont toujours des Instrumens de rebut, destinés à mugir durant les représentations, & à pourrir dans les Intervalles : 6º. le mauvais emplacement du Maître qui, sur le devant du Théâtre & tout occupé des Acteurs, ne peut veiller suffisamment sur son Orchestre & l’a derriere lui, au lieu de l’avoir sous ses yeux : 7º. le bruit insupportable de son bâton qui couvre & amortit tout l’effet de la Symphonie : 8º. la mauvaise Harmonie de leurs compositions, qui, n’étant jamais pure & choisie, ne fait entendre, au lieu de choses d’effet, qu’un remplissage sourd & confus : 9º. pas assez de Contrebasses & trop de Violoncelles, dont les Sons, traînés à leur maniere, étouffent la Mélodie & assomment le Spectateur : 10º. enfin le défaut de Mesure, & le caractere indéterminé de la Musique Françoise, où c’est toujours l’Acteur qui regle l’Orchestre, au lieu que l’Orchestre doit régler l’Acteur, & où les Dessus menent la Basse, au lieu que la Basse doit mener les Dessus.