calcula le premier. Guidé par l’expérience, il ne fit que prendre note de ses observations. Aristoxène, incommodé de tous ces calculs, bâtit dans sa tête un systême tout différent ; & comme s’il eût pu changer la Nature à son gré, pour avoir simplifié les mots, il crut avoir simplifié les choses, au lieu qu’il fit réellement le contraire.
Comme les rapports des Consonnances étoient simples & faciles à exprimer, ces deux Philosophes étoient d’accord là-dessus : ils l’étoient même sur les premieres Dissonances ; car ils convenoient également que le Ton étoit la différence de la Quarte à la Quinte ; mais comment déterminer déjà cette différence autrement que parle calcul ? Aristoxène partoit pourtant de-là pour n’en point vouloir, & sur ce Ton, dont il se vantoit d’ignorer le rapport, il bâtissoit toute sa doctrine musicale. Qu’y avoit-il de plus aisé que de lui montrer la fausseté de ses opérations & la justesse de celles de Pythagore ? Mais, auroit-il dit, je prends toujours des doubles, ou des moitiés, ou des tiers ; cela est plus simple & plutôt fait que vos Comma, vos Limma, vos Apotomes. Je l’avoue, eût répondu Pythagore ; mais, dites-moi, je vous prie, comment vous les prenez, ces doubles, ces moitiés, ces tiers ? L’autre eût répliqué qu’il les entonnoit naturellement, ou qu’il les prenoit sur son Monocorde. Eh bien ! eût dit Pythagore, entonnez-moi juste le quart d’un Ton. Si l’autre eût été assez charlatan pour le faire, Pythagore eût ajouté : mais est-il bien divisé votre Monocorde ? Montrez-moi, je vous prie, de : quelle méthode vous vous êtes servi pour y prendre le quart ou le tiers d’un Ton ? Je ne saurois voir, en pareil cas, ce