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Accord parfait Tierce majeure, qu’on distingue pas du Son fondamental, à moins qu’on ne soit d’une attention extrême & qu’on tire successivement les jeux ; mais ces Sons Harmoniques ne se confondent avec le principal, qu’à la faveur du grand bruit & d’un arrangement de régistres parle quel les tuyaux qui sont résonner le Son fondamental, couvrent de leur forcé ceux qui donnent ses Harmoniques. Or, on n’observe point & l’on ne fauroit observer cette proportion continuelle dans un Concert, puisqu’attendu le renversement de l’Harmonie, il faudroit que cette plus grande forcé passât à chaque instant d’une Partie à une autre ; ce qui n’est pas praticable, & défigueroit toute la Mélodie.

Quand on joue de l’Orgue, chaque touche de la Basse fait sonner l’Accord parfait majeur ; mais parce que cette Basse n’est pas toujours fondamentale, & qu’on module souvent en Accord parfait mineur, cet Accord parfait majeur est rarement celui que frappe la main droite ; de sorte qu’on entend la Tierce mineure avec la majeure, la Quinte avec le Triton, la Septieme superflue avec l’Octave ; & mille autres cacophonies dont nos oreilles sont peu choquées, parce que l’habitude les rend accommodantes ; mais il n’est point à présumer qu’il en fût ainsi d’une oreille naturellement juste, & qu’on mettroit, pour la premiere fois, à l’épreuve de cette Harmonie.

M. Rameau prétend que les Dessus d’une certaine simplicité suggerent naturellement leur Basse, & qu’un homme ayant l’oreille juste & non exercée entonnera naturellement cette Basse. C’est-là un préjugé de Musicien démenti par toute