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produiroit en étoussant tous les autres ; car alors il ne faut pas douter qu’avec le Son générateur, on n’ entendit ceux des Harmoniques qu’on auroit laissés : au lieu qu’en les laissant tous, ils s’entre-détruisent & concourent ensemble à produire & renforcer la sensation unique du Son principal. C’est le même effet que donne le plein jeu de l’Orgue, lorsqu’ôtant successivement les régistres, on laissé avec le principal la doublette & la Quinte : car alors cette Quinte & cette Tierce, qui restoient confondues, se distinguent séparément & désagréablement.

De plus, les Harmoniques qu’on fait sonner ont eux-mêmes d’autres Harmoniques, lesquels ne le sont pas du Son fondamental :c’est par ces Harmoniques ajoutés que celui qui les produit se distingue encore plus durement ; & ces mêmes Harmoniques qui sont ainsi sentir l’ Accord n’entrent point dans son Harmonie. Voilà pourquoi les Consonnances les plus parfaites déplaisent naturellement aux oreilles peu faites à les entendre, & le ne doute pas que l’ Octave elle-même ne déplut, comme les autres, si le mélange des voix d’hommes & de femmes n’en donnoit l’habitude dès l’enfance.

C’est encore pis dans la Dissonance, puisque, non-seulement les Harmoniques du Son qui la donnent, mais ce Son lui-même n’entre point dans le systême harmonieux du Son fondamental : ce qui fait que la Dissonance se distingue toujours d’une maniere choquante parmi tous les autres Sons.

Chaque touche d’un Orgue, dans le plein’jeu, donne un